top of page

Quelle leçon tirer du modèle espagnol d'organisation de soins?

  • Lanteri Lorenzo
  • 13 juin 2017
  • 4 min de lecture

La France pourrait-elle s’inspirer de l’exemple espagnol pour réformer son système de santé ? C’est la question qui ressort du voyage d’étude consacré au système de santé espagnol réalisé par l’Institut des Hautes Etudes de Protection Sociale.



L’Espagne a connu une crise économique sans précédent en 2008 mais elle est parvenu tant bien que mal a conservé son modèle social. Les effets stabilisateurs du modèle espagnol à l’instar de la France ont joué pleinement leur rôle pendant cette période. L’Espagne a la deuxième meilleure espérance de vie au monde derrière le japon. Cette singularité doit être relevée dans un pays qui a été touché de plein fouet par la crise. Le chômage est passé de 8% à 19% entre 2007 et 2017. Le pays a su contenir ses dépenses de santé à environ 6,7% du PIB tout en maintenant son système de santé universel.



Même si ce portrait élogieux doit être nuancé par le fait qu’un phénomène d’augmentation des listes d’attentes pour l’accès à un spécialistes fassent doucement son apparition et que 700 000 personnes se retrouvent toujours exclues du système de santé, L’Espagne semble avoir trouvé la réponse à la question de l’universalité des soins dans un périmètre budgétaire fortement contraint. Deux éléments méritent d’être mis en lumière pour expliquer cette situation : les centres de santé et le développement d’une véritable médecine de parcours.



Les Centres de santé pivot du système



L’Espagne a fait le choix de mettre beaucoup de moyens dans les soins primaires. Le médecin de famille est la clé de voûte du système, la porte d’entrée qui guide le patient vers les spécialistes. Ces derniers sont financés par l’impôt et les centre de santé offrent des soins gratuits aux usagers qui y sont rattachés. Dans ce modèle très décentralisé, chaque région autonome gère selon son budget et ses spécificités locales et démographiques et l’organisation des soins.



Dans celle de Madrid, on recense plus d’une vingtaine de centres de santé. Les médecins y sont salariés et s’occupent en moyenne de 1800 patients pour un salaire de 3000 euros par mois. Ces centres de santé sont de différentes dimensions avec des équipes allant de 6 à 20 personnes. Chaque centre a des moyens humains, en termes de personnel administratif. Ils font office de service d’urgence, ce qui désengorge les hôpitaux. Les centres de santé couvrent plusieurs domaines comme les soins dentaires ou la kinésithérapie. Certaines équipes sont même formées pour prendre des patients en phase terminale.



L’uniformisation des systèmes d’information des centres de santé a permis de déployer un dossier médical partagé qui ferait pâlir d’envie son équivalent français. Le système d’information est ouvert aux médecins de famille.


Une médecine de parcours



L’Espagne est également un modèle en matière de coordination entre professionnels de santé et de parcours de soins. Le pays s’est en effet engager dans une logique de décloisonnement des champs de la prévention, de l’offre de soins et de l’accompagnement médico-social. La communauté de Madrid a développé la notion de « continuité assistantielle » afin de faire le lien entre les établissements « centre » et les établissements publics de santé. L’objectif est que la population reçoive « les bons soins, par les bons professionnels, dans les bonnes structures, au bon moment et au meilleur coût ».



Le patient est au cœur du concept de « continuité assuranciel ». Le médecin de famille coordonne les soins et réalise un diagnostic en tenant compte de l’environnement global du patient. Des travailleurs sociaux vérifient si le patient est bien équipé d’eau chaude, s’il est isolé. Le concept de « continuité assistancielle » s’appuie donc sur un décloisonnement entre les soins et le médico-social.



Une démarche dont devrait s’inspirer Le Paerpa, parcours de santé des aînés au moment du premier bilan. Fondé sur l’article 48 de la Loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2013, et s’inscrivant dans le cadre de la Stratégie Nationale de Santé, le Parpa a pour objectif de mettre en œuvre un parcours de santé fluide et identifié des personnes âgées de plus de 75 ans.



Il vise en particulier à maintenir les personnes âgées autant que possible à leur domicile, et à améliorer, sous toutes leurs formes, les prises en charges sociales et médicales, en particulier en renforçant la coordination entre acteurs et en faisant évoluer significativement les modalités d’échanges entre eux. En Espagne, la concertation entre acteurs permet de garantir cette fluidité dans le système de soins. Par exemple, le directeur de l’hôpital réunit régulièrement les 20 directions des centres de santé pour échanger sur les dossiers.



Quels enseignements pour la France?



La France ferait bien de s’inspirer de ce modèle quand on sait par exemple que nous avons de grandes difficultés dans le domaine de la coordination entre acteurs pour la qualité de la prise en charge des personnes âgées. Même si de nouveaux dispositifs transitoires entre Hôpital, Domicile et Ephad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) ont vu le jour ces dernières années, nous enregistrons un retard important. Les dynamiques territoriales mettent du temps à s’enclencher et sont encore embryonnaires dans de nombreux cas. Les systèmes d’information, contrairement à nos homologues espagnols sont assez inaboutis.




Comments


  • LinkedIn Social Icon
  • Twitter Social Icon
bottom of page